De la « nouvelle » orthographe

Pour des raisons sur lesquelles je reviendrai peut-être dans un futur billet, ces temps-ci je me « promène » sur les hauts lieux de la culture populaire moderne (comprendre Facebook, Twitter, Buzzfeed, …) un peu plus que d’habitude, principalement en espérant trouver un peu de divertissement léger, à portée de main. Aujourd’hui je l’ai trouvé et rigole fort parce que le Web pullule de tweets, statuts et articles relatifs aux Rectifications de l’orthographe.

Jugeons de la pièce par un échantillon :

https://twitter.com/LANDEYves/status/695004961634177025

Pour répondre à une question qui m’a été posée sur Facebook : non, cette « réforme » n’est pas une blague. Ou si elle l’est, elle est plus vieille même que ma petite sœur, qui a eu le temps de naître, grandir et même devenir docteur vétérinaire (#feelingproud) entre le moment où l’Académie s’est prononcé à ce sujet et le moment où les manuels scolaires intègrent (enfin ?) cette nouvelle orthographe.

En effet, les nouvelles règles datent de 1990 même si elles n’apparaîtront dans les textes scolaires qu’à la rentrée 2016. En France, en tout cas. À ma connaissance, les québécois, les suisses et les belges ont commencé à l’adopter activement avant.

Comme je vois reflétée dans la presse et sur les média sociaux l’inquiétude de la collectivité vis-à-vis de ces changements. Je vous propose d’analyser l’exemple cité ci-dessus pour étudier les implications que ces nouvelles règles auront sur nos vies quotidiennes. Il est dit, concernant l’accent circonflexe, ce qui suit :

[O]n conserve l’accent circonflexe sur a, e, et o, mais sur i et sur u il n’est plus obligatoire.

Sauf !

Dans la conjugaison, où il marque une terminaison […]

Au passé simple (première et deuxième personnes du pluriel) […]

À l’imparfait du subjonctif (troisième personne du singulier) […]

Au plus-que-parfait du subjonctif, aussi nommé parfois improprement conditionnel passé deuxième forme (troisième personne du singulier) […]

Dans les mots où il apporte une distinction de sens utile. [Comme jeûne, par exemple.]

Et, très important :

Les personnes qui ont déjà la maîtrise de l’orthographe ancienne pourront, naturellement, ne pas suivre cette nouvelle norme.

Autrement dit :

  • « Se faire une petit jeune » a un sens sans équivoque, indépendamment des règles d’orthographe appliquées. Cela peut donc être mal vu selon l’âge que vous avez.
  • Le français, avec ou sans accents circonflexes, reste une langue à l’orthographe pleine d’exceptions, qui de toutes manières ne s’écrit pas comme elle se prononce.
  • Ceux qui maîtrisent, ou croient maîtriser, déjà l’orthographe française sont, en plus, dispensés d’apprendre et d’utiliser les rectifications.

D’après un sondage sur lequel je suis tombé aujourd’hui, 80% des personnes qui ont répondu  sont « contre la réforme ». Cela donne une idée de combien de personnes sont disposées à adopter les nouvelles règles.

En résumé, la nouvelle orthographe, tout le monde s’en fout. Les seuls vraiment concernés sont les parents d’enfants en âge scolaire qui sont assez courageux pour les assister dans leurs devoirs et leurs révisions, car parents, comme enfants, seront probablement perdus et finiront par écrire des mots au hasard, en espérant que leur choix corresponde à des règles de la langue française d’une époque ou d’une autre. Pour eux, mes condoléances.