Orange me prend pour un con, et m'appelle pour me le dire
J’ai eu un coup de fil magnifique hier vers 14h (c’est magnifique Twitter comme aide-mémoire).
C’était grandiose pour plein de raisons : le mec avait un accent du sud de la France, ce qui me fait toujours rire un peu (je suis étranger, j’ai le droit) ; le mec voulait vraiment, mais vraiment, me vendre son truc ; mais, surtout, parce que le “conseiller” était tellement maladroit que tout ce que j’entendais en boucle était “Orange vous prend pour un con, mais c’est pas grave, prenez un forfait plus cher tout de même”.
Donnons un peu de contexte à l’histoire : Il y a environ deux mois, j’ai acheté un smartphone chez Orange. Mon premier ! Non, pas mon premier smartphone, j’ai déjà eu des téléphones avec lesquels je profitais de mon forfait “data illimité” chez Orange. Non, il s’agit du premier smartphone que j’achète chez Orange et, à mon avis, c’est cet achat qui a tout déclenché.
“Bonjour, Monsieur Diaz Or-je-massacre-ton-nom Ma-et-ton-prénom-tant-qu’à-faire, je vous appelle de la part d’Orange. Êtes-vous bien le titulaire de la ligne 06 30 80 ** ** ?”
Voilà le bon début. Vous me corrigerez si je me trompe, celle-ci n’est pas ma première langue après tout, mais il me semble qu’il n’est pas coutume, en France, d’appeler les gens en commençant par la formule de politesse, suivie du nom de famille puis du prénom. Mais, au moins, t’auras bien suivi ton script.
“Je vous appelle parce que je ne sais pas ce que la personne qui vous vendu votre forfait avait en tête, mais elle vous a vendu un forfait qui n’est pas du tout adapté à votre téléphone. Vous avez un smartphone n’est-ce pas ?”
Ah, ben, sacré esprit d’équipe chez Orange ! Une fois un collègue (histoire vraie) est venu me voir pour me montrer son nouveau couteau qu’il avait trouvé au bord de la route en Corse (fin de l’histoire vraie). Chez Orange, apparemment la culture d’entreprise veut que le couteau on l’enfonce bien profond dans le dos.
“Donc je vous appelle pour rectifier le tir, si on peut le dire comme ça. Oui, c’est ça, pour rectifier le tir.”
OK, là, tout simplement no comment. Tu aurais dû t’en tenir au script, garçon, tu avais commencé si bien.
“Je vous explique.”
Ah, mais, vas-y ! À ce stade je vois déjà que la conversation va être sympa, donc pourquoi ne pas mordre l’hameçon ?
“La plupart des smartphones que nous vendons actuellement sont vendus avec des forfaits qui ne sont pas appropriés.”
Vas-y, continue à défendre la marque !
“Vous voyez, aujourd’hui vous avez un forfait qui vous permet la navigation sur Internet en illimité, mais juste la navigation, pas tout Internet.”
Euh, je commence à ne plus rien comprendre… Je pense qu’il veut dire que j’ai le “web” en illimité ou, pour faire simple, à peu près tout ce qui s’échange en HTTP ou HTTPS, voire un peu plus. Ah, mais ça je le savais déjà ! Enfin, continue…
“Donc, par exemple, vous pouvez utiliser le navigateur de votre téléphone pour aller sur des pages Internet, comme AlloCiné, mais les applications—vous avez des applications sur votre téléphone, n’est-ce pas ?—sur votre téléphone n’ont pas le droit d’aller sur Internet. Si vous voulez utiliser l’application AlloCiné pour aller consulter les horaires, vous n’avez pas le droit ; c’est du hors forfait !
Vous avez, en quelque sorte, une téléphone qui se retrouve bridé !”
Là, j’ai voulu lui demander comment Orange pouvait savoir si j’allais sur Internet avec mon navigateur ou avec une application, mais j’ai senti que discuter de spoofing de user-agents n’allait mener nulle part. Je me suis contenté de lui dire que c’est étrange parce que je suis rarement hors forfait et quand je le suis c’est à cause des téléphones ro—euh, pas à cause de la data.
Ah, vous ne devez pas savoir utiliser votre téléphone au maximum de ses capacités alors.
OK, ça commence à être moins marrant là… Vas-y, fais ton pitch que je puisse me remettre à jouer à Paper Toss sur mon téléphone.
Ce que je vous propose aujourd’hui c’est de garder votre forfait intact en ce qui concerne la voix et les SMS, mais, pour 10€ de plus par mois, vous aurez du vrai Internet illimité. Je vais aussi vous double votre vitesse de connexion ; c’est-à-dire que vous pages vont charger plus vite dans votre navigateur. Sans oublier, 20 chaînes de télévision gratuites.
Ah, c’est joli ça ! “Du vrai Internet” ? Comme quoi il est vrai après tout qu’il y a “Internet” et “Internet par Orange”.
Plus intéressant encore : on peut doubler la vitesse de ma connexion ?!
Autant il était clair pour moi ce que l’on entend par “Internet illimité"—c’est expliqué en tout petit en bas, vous l’avez vu ?—autant je n’ai lu nulle part qu’Orange allait réduire de 50% la bande passante de ma connexion de données, à moins de payer 10€ de plus par mois !
J’ai fini par expliquer au mec que ça fait longtemps que j’ai des téléphones qui profitent de l’Internet “illimité” et qu’effectivement, à une époque, j’ai eu du hors forfait parce que je n’avais pas compris la signification d’“Internet by Orange”—à la décharge d’Orange, c’est aussi la même définition chez beaucoup d’autres opérateurs aussi—mais qu’aujourd’hui j’étais très content avec mon forfait. Il est parti et j’ai pu me remettre tranquillement à mon Paper Toss.
En revanche, qu’est-ce que je regrette ne pas avoir enregistré cette conversation où un représentant Orange avoue, pour faire court, qu’Orange ne me fournit pas le service qu’on m’a vendu. Enfin, ce n’est pas comme si j’avais pu faire quelque chose avec—ils vont jouer sur les mots jusqu’à s’en tirer indemnes—mais j’aurais pu au moins le ranger avec mes autres mp3 de stand up et de comédie.