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L’écrivain qui ne savait plus lire

Je suis fasciné par le cerveau humain. Tous les jours je retrouve dans mes flux RSS quelque chose pour alimenter cette fascination : des histoires étonnantes, des illusion d’optique fascinantes, etc. Aujourd’hui c’était une vidéo.

Il s’agit de l’histoire de monsieur Howard Engel, écrivain canadien, qui a été montée par NPR. Je vous ai fait une traduction approximative :


Avez-vous déjà pensé, ne serait-ce qu’un instant, que la partie du cerveau qui contrôle l’écriture pouvait être différente de celle qui contrôle la lecture ?

Prenez le cas de monsieur Howard Engel, le célèbre auteur de polars.

L’année : 2001, l’endroit : Toronto, Canada.

Quand je me suis réveillé le matin je n’avais remarqué rien de différent par rapport à un matin quelconque. Toutes les choses normales avaient le même air normal et monotone.

Je suis sorti pour récupérer le journal du matin et j’ai découvert qu’il semblait avoir été écrit en serbo-croate ou une autre langue bizarre et surprenante.

Il a continué à feuilleter le journal et, alors que la mise en page et les illustrations semblaient familières, tous les mots étaient déformés de manière insensée.

 La conclusion à laquelle je suis arrivé après c’est : j’ai fait une attaque d’apoplexie.

Monsieur Engel s’est remis rapidement à l’hôpital, mais il a été atteint d’alexie ou cécité verbale. Sa vue était normale, hormis le fait qu’il était incapable de différentier les formes qui constituent les lettres et les mots.

 Je pense que ça ressemblerait à un charabia avec une origine anglaise. C’était hallucinant : un ‘p’ devenait ‘b’ ou un ‘s’ devenait un ‘r’.

Etonnamment, par contre, il a découvert que lorsqu’il tenait un crayon à la main, il pouvait toujours dessiner les formes de ces lettres ; il pouvait toujours écrire.

Oui, et j’ai découvert que je pouvais toujours écrire avec une facilité rassurante. Mais bien sûr, ce que j’écrivais, après un moment, devenait le même charabia que j’avais lu dans le journal.

Tout ceci a l’air illogique et déroutant sauf si l’on voit les choses comme ceci : nos yeux ne font que voir les formes qui constituent un texte, mais c’est nos cerveaux qui identifient ces formes comme étant des mots et des lettres et qui leur donnent un sens. Si le cerveau n’est plus capable de traiter les signaux provenant des yeux, mais qu’il peut encore traiter les signaux des mains, il n’y pas de raison de ne pas être capable de dessiner ces formes que l’on sait sont des mots et des lettres.

Avec cette idée en tête, monsieur Engel a commencé à utiliser le mouvement quand il a entrepris la difficile tâche de réapprendre à lire. Quand il lit aujourd’hui, il identifie les mots en suivant le contour de chaque lettre sur la page avec son doigt ou dans l’air.

J’ai aussi essayé d’écrire sur le palais de la bouche avec ma langue ou, maintenant, je le fais sur mes dents inférieures. Je retrace le mot dans ma tête tout en bougeant la langue pour former les lettres.

Etonnamment, monsieur Engel a réussi à écrire deux livres depuis son attaque.

J’étais surpris par le fait que la capacité de lire et la capacité d’écrire, bien que similaires, ne sont pas identiques.

Un dernier mot, monsieur Engel ?

L’une de premières choses que l’on m’a dit c’est qu’avec l’alexie mon orthographe allait être infernale, et c’est certainement le cas, mais j’avais déjà de l’avance.