Il ne fait pas beau à Paris
Je suis assis sur mon canapé, dans mon salon, qui est un peu plus rangé que d’habitude—l’effet secondaire du passage des amis invités à dîner que j’ai pu accueillir ces derniers soirs. Il faudrait peut-être que j’invite plus souvent du monde à la maison, ou que je trouve quelqu’un qui s’y installe de manière un peu plus permanente, ou les deux.
J’entends la pluie dehors. Je l’entends par les fenêtres grandes ouvertes qui laissent entrer l’air frais et les moustiques. Les moustiques font leur retour. Ils me tiendront compagnie et nourriront mon poisson. Ça me rappelle chez moi—le vrai chez moi.
J’entends aussi quelques miettes écrasées entre les touches lorsque je tape—un jour j’apprendrai à éviter de manger devant mon ordinateur. J’entends la vieille bête travailler dur, bien qu’il ne reste plus grand-chose à faire à cette heure-ci. Je devrais peut-être songer à le remplacer : un jeune qui travaillera discrètement le soir pour mon plus grand plaisir et celui des lobbys verts devrait faire l’affaire.
Je ne dors pas, pourtant je devrais. La semaine s’annonce dure. C’est à force de courir, je pense, comme si c’était le dernier sprint, alors que je sais pertinemment qu’au bout il n’y a qu’un autre virage. Encore un virage trop près du gouffre pour que je puisse vraiment en profiter. On me souffle à l’oreille—façon de parler évidemment, puisque je n’ai pas vraiment de copilote—que si je m’éloigne de Paris je perdrai de vue le précipice pendant un temps. C’est déjà prévu.
Il ne fait pas beau à Paris, et la météo ne fait que le confirmer. C’est pour ça qu’à la fin de la semaine je m’en vais.