Cdt

Quand j’ai appris le français, j’ai été impressionné par vos magnifiques formules de politesse :

Je vous prie de croire, Monsieur, en l’assurance de mes respectueuses salutations.

Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression des mes respectueuses et sincères salutations.

Je vous prie de bien vouloir croire, Madame, en l’assurance de mes respectueuses et honorables salutations.

C’est très pompeux. Ça correspond bien à la langue (la langue fait-elle un peuple ?). Ce n’était pas choquant. Pas très pratique, par contre : c’est difficile à retenir et long à écrire. Et c’est là que j’ai découvert le “Cordialement”.

Cordialement. J’aime bien. C’est court, pourtant très explicite.

Cordialement. De manière cordiale. Relatif, donc, au cœur. Du fond du cœur !

Certes, il est rare que j’écrive une lettre qui vient vraiment “du fond du cœur"—il est rare que j’écrive une lettre tout court—mais le mot transmet tout de même cette idée de “respectueuses et honorables salutations”.

J’aime ce mot.

Mais là, c’est le drame : l’arrivée du “mail” ou—frisson—le “mél” ; et avec lui, une génération de personnes fainéantes, dépourvues de tout sens de politesse, de protocole et d’étiquette.

Quelqu’un peut me dire à quel moment il a été décidé qu’il était acceptable d’utiliser les trois lettres “Cdt” afin de terminer une lettre ? Quel est le sens de ces lettres ? Aucun dictionnaire n’a su me l’expliquer.

En supposant qu’on soit censé lire ça “Cordialement”, pourquoi le mot en entier n’a-t-il pas été écrit ? Les 9 autres lettres coutent plus cher en bande passante ?

Quand on n’a rien à dire, autant ne rien écrire*.

Sur ce, cher lecteur, je vous prie de bien vouloir croire aux assurances de ma plus haute considération et estime.

* Comme vous pouvez le voir, je me réserve le droit de suivre mon propre conseil.